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Evry Palestine vous adresse ses meilleurs voeux pour l'année 2011. 
Une année au cours de laquelle nous aurons plus que jamais à nous mobiliser pour la défense des droits du peuple palestinien, et pour qu'une paix réelle, fondée sur le respect du Droit, devienne enfin possible.

Bil'in : protestations après le décès d'une manifestante, nouvelle victime de la répression de l'armée israélienne

C'est avec une grande tristesse et beaucoup de colère que nous avons appris le décès de Jawaher Abou Rahmah, âgée de 36 ans, à l'hôpital de Ramallah ce samedi 1er janvier. Jawaher était la soeur de Bassem Abou Rahma, tué en avril 2009 par un tir tendu de grenade lacrymogène. Jawaher participait à la manifestation hebdomadaire du vendredi 31 décembre. Prise dans une épaisse fumée de grenades lacrymogènes, elle avait perdu connaissance pendant la manifestation. Les médecins de l’hôpital de Ramallah se sont battus toute la nuit pour sauver Jawaher Abu Rahmah, sans succès. Elle souffrait d’une asphyxie sévère due à l’inhalation des gaz et avait été évacuée sur Ramallah inconsciente. Les médecins ont diagnostiqué un empoisonnement causé par un principe actif contenu dans les gaz et les traitements tentés n’ont pu la sauver (source site Bil'in Village).

La résistance non violente des habitants de Bil'in et de beaucoup d'autres villages, qui protestent pacifiquement contre le mur, l'occupation, le vol continu de leurs terres, est de plus en plus violemment réprimée par l'armée israélienne, non seulement au cours des manifestations, mais aussi par des incursions nocturnes et des arrestations arbitraires. Ainsi, Abdallah Abou Rahma, un des animateurs de cette résistance, qui était venu à Evry en 2008 pour nous expliquer la lutte des habitants de Bil'in, est encore aujourd'hui maintenu en détention, même après avoir purgé la peine que lui avait infligé le tribunal militaire d'occupation.

Pour la manifestation du 31 décembre, à laquelle participaient des militants internationaux et des pacifistes israéliens aux côtés des habitants du village, les organisateurs avaient décidé de "mettre fin" symboliquement au mur actuel à Bil'in. Il faut dire que le tracé de ce mur a même été condamné depuis plus de trois ans par .. la cour suprême israélienne, sans aucun effet sur le terrain ! Ils ont ainsi enlevé quelques mètres de l'une des clôtures en grillage et barbelés (le mur à Bil'in prend la forme d'un système complexe formé de deux clôtures barbelées et électrifiées, avec une route militaire entre les deux clôtures)...

Après l'annonce de la mort de Jawaher Abou Rahma, plusieurs centaines de militants anti-colonialistes israéliens ont manifesté à Tel Aviv devant une base militaire. Une manifestation avec beaucoup de jeunes militants, violemment réprimée, à voir sur
http://www.youtube.com/watch?v=dRmuPYMHXGc .

Pour en savoir plus sur la lutte des habitants de Bil'in :

- visitez le site Bil'in village dans sa version française :
http://www.bilin-village.org/francais/

- le site de l'association des amis de la liberté et de la justice à Bil'in (en anglais) :
http://www.bilin-ffj.org/


Le cri de colère des jeunes de Gaza

Derrière les murs de la Bande de Gaza, sous le blocus imposé depuis bientôt quatre ans par Israël avec la complicité de la "communauté internationale" et d'une bonne partie de la classe politique de nos pays, c'est la société civile palestinienne qu'on assassine. Une société civile jusque là vigoureuse, imaginative, ouverte sur l'extérieur, qui est une des composantes essentielles de la résistance palestinienne. Fin novembre, à Gaza, c'est l'organisation de jeunesse Sharek qui a été investie et fermée par les autorités locales. 

Les jeunes de Gaza en ont marre de toutes les formes d'oppression et le font savoir, dans un manifeste dont le ton tranche par rapport à celui d'autres appels que nous avons pu recevoir. Ce manifeste a été écrit par "Gaza Youth Breaks Out" [mot à mot "la jeunesse de Gaza explose"], collectif de jeunes artistes et militants associatifs de la Bande de Gaza.

Plus que jamais, il faut agir pour que cesse le blocus de Gaza.

<< Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU et à l’Unrwa (1). Merde à l’Amérique ! Nous, les jeunes de Gaza, on en a marre d’Israël, du Hamas, de l’occupation, des violations permanentes des droits de l’homme et de l’indifférence de la communauté internationale.

Nous voulons crier, percer le mur du silence, de l’injustice et de l’apathie de même que les F16 israéliens pètent le mur du son au-dessus de nos têtes, hurler de toute la force de nos âmes pour exprimer toute la rage que cette situation pourrie nous inspire. Nous sommes comme des poux coincés entre deux ongles, nous vivons un cauchemar au sein d’un autre cauchemar. Il n’y a pas d’espace laissé à l’espoir, ni de place pour la liberté. Nous n’en pouvons plus d’être piégés dans cette confrontation politique permanente, et des nuits plus noires que la suie sous la menace des avions de chasse qui tournent au-dessus de nos maisons, et des paysans innocents qui se font tirer dessus simplement parce qu’ils vont s’occuper de leurs champs dans la zone « de sécurité », et des barbus qui se pavanent avec leurs flingues et passent à tabac ou emprisonnent les jeunes qui ont leurs idées à eux, et du mur de la honte qui nous coupe du reste de note pays et nous enferme dans une bande de terre étriquée.

On en marre d’être présentés comme des terroristes en puissance, des fanatiques aux poches bourrées d’explosifs et aux yeux chargés de haine ; marre de l’indifférence du reste du monde, des soi-disant experts qui sont toujours là pour faire des déclarations et pondre des projets de résolution mais se débinent dès qu’il s’agit d’appliquer ce qu’ils ont décidé ; marre de cette vie de merde où nous sommes emprisonnés par Israël, brutalisés par le Hamas et complètement ignorés par la communauté internationale.

Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. Le dernier coup qui a encore aggravé notre frustration et notre désespoir s’est produit le 30 novembre, quand des miliciens du Hamas ont débarqué au siège du Sharek Youth Forum (www.sharek.ps, une organisation de jeunesse très active à Gaza) avec leurs fusils, leurs mensonges et leur agressivité. Ils ont jeté tout le monde dehors, arrêté et emprisonné plusieurs personnes, empêché Sharek de poursuivre ses activités ; quelques jours plus tard, des manifestants regroupés devant le siège de Sharek ont été agressés, battus et pour certains emprisonnés.

C’est vraiment un cauchemar au sein d’un autre cauchemar que nous vivons. Il n’est pas facile de trouver les mots pour décrire la pression qui s’exerce sur nous. Nous avons difficilement survécu à l’opération « Plomb durci » de 2008-2009, quand Israël nous a systématiquement bombardé la gueule, a détruit des milliers de logements et encore plus de vies et de rêves. Ils ne se sont pas débarrassés du Hamas comme ils en avaient l’intention mais ils nous ont fichu la trouille pour toujours, et le syndrome du « stress post-traumatique » s’est installé à jamais en chacun de nous, parce qu’il n’y avait nulle part où fuir les bombes.

Nous sommes une jeunesse au cœur lourd. Nous portons en nous un poids tellement accablant qu’il nous empêche d’admirer le coucher de soleil : comment pourrait-on, alors que des nuages menaçants bouchent l’horizon et que des souvenirs effrayants passent dans nos yeux à chaque fois que nous les fermons ? Nous sourions pour cacher la douleur, nous rions pour oublier la guerre, nous gardons l’espoir pour ne pas nous suicider tout de suite.

Au cours des dernières années, Hamas a tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de nos attentes. Nous sommes une génération de jeunes qui se sont déjà habitués à évoluer sous la menace des missiles, à poursuivre la mission apparemment impossible qui consiste à mener une existence normale et saine, et nous sommes à peine tolérés par une organisation tentaculaire qui s’est étendue à travers notre société, tel un cancer malveillant déterminé à détruire dans sa propagation jusqu’à la dernière cellule vivante, la dernière opinion divergente, le dernier rêve possible, à paralyser chacun de nous en faisant régner la terreur. Et tout ça arrive dans la prison qu’est devenu Gaza, une prison imposée par un pays qui se prétend démocratique.

A nouveau l’histoire se répète dans toute sa cruauté et tout le monde a l’air de s’en moquer. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués. Nous avons peur de vivre parce que chaque pas que nous faisons doit être sérieusement considéré et préparé, parce qu’il y a des obstacles et des interdits partout, parce qu’on nous empêche d’aller où nous voulons, de parler et d’agir comme nous le voulons et même parfois de penser ce que nous voulons, parce que l’occupation colonise nos cerveaux et nos cœurs, et c’est tellement affreux que c’est une souffrance physique, que nous voulons verser des larmes de révolte et de colère intarissables.

Nous ne voulons pas avoir de haine, ressentir toute cette rage, et nous ne voulons pas être encore une fois des victimes. Assez ! Nous en avons assez de la douleur, des larmes, de la souffrance, des contrôles, des limites, des justifications injustifiées, de la terreur, de la torture, des fausses excuses, des bombes, des nuits sans sommeil, des civils tués aveuglément, des souvenirs amers, d’un avenir bouché, d’un présent désespérant, des politiques insensées, des politiciens fanatiques, du baratin religieux, de l’emprisonnement. Nous disons : ASSEZ ! Ce n’est pas l'avenir que nous voulons !

Nous avons trois exigences : nous voulons être libres, nous voulons être en mesure de vivre normalement et nous voulons la paix. Est-ce que c’est trop demander ? Nous sommes un mouvement pacifiste formé par des jeunes de Gaza et des sympathisants de partout ailleurs, un mouvement qui continuera tant que la vérité sur ce qui se passe chez nous ne sera pas connue du monde entier, et à tel point que la complicité tacite et la tonitruante indifférence ne seront plus acceptables.

Ceci est le manifeste pour le changement de la jeunesse de Gaza !

Nous allons commencer par rompre l’occupation qui nous étouffe, par nous libérer de l’enfermement mental, par retrouver la dignité et le respect de soi. Nous garderons la tête haute même si nous rencontrons le refus. Nous allons travailler nuit et jour pour changer la situation lamentable dans laquelle nous nous débattons. Là où nous nous heurtons à des murs, nous construirons des rêves.

Nous espérons que vous qui lisez maintenant ces lignes, oui, vous, vous nous apporterez votre soutien. Pour savoir sous quelle forme c’est possible, écrivez sur notre mur ou contactez-nous directement à freegazayouth@hotmail.com

Nous voulons être libres, nous voulons vivre, nous voulons la paix. >>

(1) Agence de l’ONU crée en 1948 pour prendre en charge les réfugiés palestiniens.

Traduit de l’anglais par Bernard Cohen.

Publié par Libération :
http://www.liberation.fr/monde/01012310251-le-manifeste-de-la-jeunesse-de-gaza
repris par le site Protection Palestine :
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9865

Gaza Youth Breaks Out (GYBO) sur Facebook,  :
http://www.facebook.com/pages/Gaza-Youth-Breaks-Out-GYBO/118914244840679

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... et l'appel des syndicats et associations de Gaza

 Une quarantaine de syndicats et d'associations palestiniennes de Gaza ont lancé un appel le 27 décembre dernier, deuxième anniversaire de l'offensive israélienne, :

"Nous, les Palestiniens de la Bande de Gaza assiégée, en ce jour du 27 décembre 2010, deux ans après l’attaque génocidaire d’Israël contre nos familles, nos maisons, nos routes, nos usines et nos écoles, disons assez d’inaction, assez de discussions, assez d’attente - il est maintenant temps de tenir Israël pour responsable de ces crimes incessants contre nous. Le 27 décembre 2008, Israël a lancé un bombardement aveugle de la Bande de Gaza.

(...)

Nous appelons également tous les groupes de solidarité avec la Palestine et toutes les organisations de la société civile internationale à exiger :

Participez à la campagne BDS, rejoignez les nombreux syndicats internationaux, universités, supermarchés, artistes et écrivains qui refusent d’entretenir Israël Apartheid. Exprimez-vous pour la Palestine, pour Gaza, et surtout, AGISSEZ. Maintenant."

Depuis Gaza assiégée, Palestine

27 décembre 2010

lire l'appel complet

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A lire, à voir

Le dernier rapport hebdomadaire du Centre Palestinien des Droits de l'Homme sur les violations des droits de l'Homme à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem

Les voeux de Stéphane Hessel, parus dans Mediapart

 

Agir !

Signez la pétition de soutien à Stéphane Hessel et à tous les inculpés de la campagne BDS, sur le nouveau site du Collectif remis en forme : c'est clair et facile à utiliser, cliquez ici .

Avec toutes les organisations du Collectif National, avec la Plateforme des ONG pour la Palestine, participez à la campagne "Un Bateau Français pour Gaza" ; faites un don pour couvrir les frais (très élevés) de cette action. Le don est organisé sur le site du MRAP, cliquez ici .

Dans les deux cas, nous apprécierons beaucoup de recevoir un mail de confirmation de votre part sur notre adresse e-mail  contact@evrypalestine.org .

Participez aussi à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), informez-vous.


 visitez notre site Internet, http://www.evrypalestine.org


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