Nous vous souhaitons à toutes et à tous une bonne année 2012, que
nous espérons voir marquée par de vraies avancées pour la
reconnaissance des droits du peuple palestinien. Une année qui, nous
n'en doutons pas, sera aussi une année de mobilisations...
Les Huit Heures pour la Palestine du 3 décembre 2011 resteront un moment marquant de témoignages et de solidarité internationale avec la Palestine. Par la présence exceptionnelle de Stéphane Hessel, dont les paroles fortes ont été chaleureusement applaudies. Par la qualité de nos invités et la force de leur témoignage: Fuad Alfaqawi, responsable des projets du Comité Populaire des Réfugiés du camp de Khan Younis, jumelé avec la ville d'Evry, Linah Alsaafin, jeune militante de la résistance populaire non armée et blogueuse sur le site de l'Electronic Intifada, Sebastian Rodriguez, jeune militant israélien des Anarchistes contre le Mur. Par la participation appréciée de Bernard Dreano, co-président du CEDETIM, qui nous a apporté son expertise et ses réflexions sur les révolutions arabes en cours et leurs interactions avec le mouvement palestinien. Et enfin, par le formidable élan des militant-e-s d'Evry Palestine, de nos partenaires du Collectif et de nos amis, qui nous ont permis une fois de plus de réussir ces Huit Heures en l'absence de tout soutien de la municipalité et en toute indépendance.
Parallèlement
aux débats, nous avons inauguré une exposition sur les Femmes
palestiniennes en Résistance, co-réalisée avec Anne Paq, photographe du
collectif ActiveStills, sur la base de ses photos et du blog de Linah
Alssafin, qui en constitue un personnage central .
Nous avons également apporté notre témoignage sur notre voyage fin
octobre en Cisjordanie et à Jérusalem, et les étudiants de Telecom Evry
leur témoignage sur leur stage de cet été en Cisjordanie : la meilleure
manière de se rendre compte de la situation sur place, de la réalité de
la colonisation et de la confiscation des terres, des multiples
facettes de la résistance palestinienne, de l'accueil des Palestiniens
et de leur extraordinaire capacité à vivre, c'est d'y aller !
Et pour finir, un concert avec Gaza Team nous a fait vivre une
création musicale originale, inspirée par le rap, la musique
traditionnelle palestinienne et les poèmes de Mahmoud Darwish.
Au centre de ces Huit Heures, la table ronde sur la jeunesse, animée par Stéphane Hessel, avec les témoignages de Linah Alsaafin, jeune militante palestinienne, de Sébastian Rodriguez, militant israélien des Anarchistes contre le Mur,et de Zyad, jeune étudiant de Telecom SudParis/Ecole de management à Evry, qui a choisi, avec trois autres, de faire son stage de première année cet été en Cisjordanie.
Dès le départ, Stéphane Hessel a donné le ton : "Je suis très fier, très heureux de me trouver à Evry, je viens de saluer Manuel Valls, le maire de cette belle ville, je lui ai recommandé fermement d’apporter tout son appui aux problèmes des Palestiniens, nous avons besoin que les partenaires d’Israël et de la Palestine soient plus courageux qu’ils ne le sont pour le moment, que ce soit de ce côté-ci de l’Atlantique ou de l’autre". "Notre société globale est encore dominée par des forces financières sans scrupule et qui n’ont pas pour objectif le bien de l’humanité, mais pour objectif le bien de leurs dividendes et de leurs actionnaires. C’est une situation à laquelle il faut essayer de mettre un terme. Dans tout ce que cette situation comporte de pénible, il y a tout particulièrement le problème palestinien".
Linah et Sebastian ont expliqué leurs itinéraires : Linah, qui a
commencé à "bloguer" pour critiquer son université, a découvert la
résistance populaire non armée dans le village de Nabi Saleh, et depuis
ne manque pas une manifestation du vendredi avec les habitants du
village, qui se sont fait confisquer leurs terres et leur eau par la
colonie voisine, et dont la résistance est très durement réprimée.
Linah a également expliqué comment des mouvements de la jeunesse
palestinienne commencent à s'organiser, autour de revendications qui
sont la solution à Un Etat, le mouvement BDS, le refus de la
normalisation, ainsi que le soutien à la résistance populaire non armée
et la popularisation de cette résistance.
Sebastian,
éduqué à l'école israélienne, formaté dès l'école maternelle pour
servir dans l'armée, a commencé à découvrir la réalité palestinienne en
tant que militaire au Liban, en Cisjordanie et à Gaza, avant de
décider, au terme d'une longue démarche personnelle, de retourner en
Cisjordanie en tant que civil, puis de soutenir la résistance populaire
non armée et les actions BDS en rejoignant le mouvement des Anarchistes
contre le Mur.
Et Zyad a expliqué comment, en tant que jeune Français, cela lui avait
semblé au départ difficile et lointain d'aller en Palestine, comment
ils se sont organisés à quatre étudiants avec l'appui d'Evry Palestine,
comment ils ont tenu bon pour y effectuer leur stage, et son engagement
profond en tant que jeune et en tant qu'étudiant pour la cause
palestinienne.
A la question : "qu'est-ce que la liberté pour vous, quel est votre rêve ?", Linah a d'abord donné sa définition de la liberté : pouvoir enfin circuler librement, sans check point, et aussi pouvoir vivre en famille car avec une carte d'identité de Gaza et une autre de Cisjordanie ses parents ne peuvent même pas vivre au même endroit. Linah comme Sebastian ont exprimé le même rêve : pouvoir vivre dans l'Etat de Palestine, un seul Etat, où Israéliens et Palestiniens vivraient côte à côte, pacifiquement et en jouissant des mêmes droits. Ils souhaitent l'un comme l'autre que leurs enfants n'aient pas à vivre l'occupation, que ce soit comme occupé ou comme occupant.
Pour conclure, Stéphane Hessel a rappelé qu'historiquement "il y a
eu dans cette région du monde des groupes humains et religieux
différents qui vivaient ensemble. Pas toujours dans des conditions
parfaitement satisfaisantes, mais au moins avec la possibilité de
s’échanger leurs idées, leurs vues. (...) Qui est responsable de ce que
cela ait été détruit ? Malheureusement, il faut le dire, ce sont les
paysindustrialisés européens." Et il a rappelé que "nous ne pouvons
pas, nous ne devons pas, laisser se poursuivre des situations
inacceptables dont quelque part historiquement nous portons la
responsabilité". Il a également rappelé qu'après la deuxième guerre
mondiale on a établi la charte des Nations Unies, promulgué la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, mis au point les
conventions de Genève.
"Ce sont des textes dont nous portons la responsabilité, et lorsque les
gouvernements les ignorent, et font comme s’ils n’existaient pas, eh
bien il faut protester, il faut
s’indigner, et il faut s’engager !"
Fuad Alfaqawi, responsable des projets du Comité Populaire des Réfugiés du camp de réfugiés de Khan Younis, a pour sa part témoigné de l’évolution des conditions de vie dans la bande de Gaza, toujours sous blocus israélien. Les difficultés économiques et sociales continuent à être criantes sur place, même si cela « s’est un peu amélioré » avec l’ouverture à quatre cents passages journaliers de la frontière égyptienne à Rafah.
Le nombre de passages encore insuffisant par Rafah impose la gestion d'une liste de priorités, il faut parfois attendre plusieurs semaines pour pouvoir sortir.
Les passages de marchandises sont encore très insuffisants, et ce
n'est que par les tunnels, solution précaire et illégale, que Gaza
n'étouffe pas totalement. Situation tout à fait insatisfaisante, même
si le passage par les tunnels de matériaux de construction a permis un
léger développement du secteur.
La population de Gaza veut vivre, se développer, produire et exporter ses produits, sortir de la situation d'assistée qui lui est imposée par le blocus.« Ouvrez les portes de cette grande prison, donnez au peuple palestinien la liberté de circuler comme les autres peuples », a conclu Fuad Alfaqawi.
Fuad Alfaqawi avait auparavant été reçu par une délégation de la Région Ile de France, ainsi que par le président du Conseil Général de l'Essonne Jérôme Guedj. Les Huit Heures lui ont également permis d'avoir une conversation informelle et impromptue avec Manuel Valls, qui est finalement venu le rencontrer sans toutefois le recevoir officiellement, malgré les accords de jumelage-coopération entre la Ville d'Evry et le camp de réfugiés de Khan Younis.
Pour Bernard Dréano, les
révolutions arabes, malgré une
histoire propre à chacun des pays, du Maroc au Sultanat d’Oman où elles
se
développent, ont des traits communs et
des dynamiques communes : l’éruption d’une jeunesse en grand
nombre de 20 à
35 ans, une transition démographique et une autonomisation de la
société du
fait de la baisse de la natalité, une situation socio-économique
sous-tendue
par la crise économique et « le mal développement » :
augmentation
des inégalités, de la pauvreté, du nombre important de « chômeurs
diplômés » de l’humiliation que
font subir les dictatures arabes qui organisent elles, le développement
de la
corruption en étroite relation avec le système financier international.
Mobilisation importante d’une partie de la
jeunesse, pas la
plus occidentalisée, la jeunesse « populaire » avec la
volonté très
forte de réappropriation de son identité arabe, de son identité
nationale,
exprimant le besoin de développer des manifestations non violentes, une
« intifada
non militarisée » pour éviter la logique de la guerre civile, du
ralliement
à un chef, mouvement d’autodéfense face au pouvoir, selon l’exemple de
la
résistance non violente palestinienne qui s’est structurée en Palestine
face à
l’occupation. Les peuples veulent les
chutes des régimes en place et font tomber les dictatures pour la
démocratie,
la justice sociale et l’égalité des droits.
C’est un mouvement profond qui est en cours, qui
fait gagner
aux élections libres
(comme le Hamas a gagné à Gaza) les
mouvements islamistes, partis des
couches populaires éduquées en Tunisie comme en Egypte : du fait
de
l’écrasement de la gauche arabe et de l’échec des nationalismes arabes,
de
l’alternative que présentent ces mouvements aux régimes précédents, et
aussi de leur
soutien par des fonds saoudiens.
Alors qu’aucune puissance occidentale n’a vu venir
cette
révolution, quelles répercussions
attendre en Israël et en Palestine, lorsque l’on sait comment le
« deux poids deux mesures » est ressenti comme une injustice
majeure
par les peuples de la région ?
Le gouvernement israélien a vu
son meilleur ami
renversé (Moubarak ) et son "meilleur
ennemi" mis à mal à Damas ; ne voulant pas rester dans cette
expectative
inquiétante, il met à nouveau en avant
le danger nucléaire et la menace iranienne pour faire diversion.
L’autorité palestinienne et le Hamas sont
paradoxalement
dans la même difficulté ; d’où l’accord
inter palestinien conclu au Caire sous pression populaire.
Il est difficile d’être optimiste sur le court
terme, mais
sur le moyen terme les
choses vont bouger : le soutien aux
droits du peuple palestinien à un état va être enfin porté par les
gouvernements à venir. Pour le moment, l’effet des révolutions
tunisienne et
égyptienne sur le moral des Palestiniens est considérable selon
Mustapha Barghouti :
« des milliers de jeunes Palestiniens émergent du marasme de la
frustration, de la désespérance et de la marginalisation et font preuve
d’un
désir renouvelé de s’engager et d’agir »
Bernard Dréano est l’auteur de « La Perle et le Colonel, réflexions sur les révolutions arabes » Octobre 2011 (Non Lieu).
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse et de colère la mort de
Mustapha Tamimi, résident de Nabi Saleh, tué de sang froid par un
soldat israélien qui a ouvert la porte de la jeep, a visé et lui a tiré
une grenade lacrymogène en plein visage, d'une distance de moins de 10
mètres, lors de la journée de manifestation de vendredi dernier.
Certains d'entre nous s'étaient rendus à Nabi Saleh lors de notre
voyage, et c'est également là que Linah, que nous avons invitée pour
les Huit Heures, participe souvent aux manifestations de résistance
populaire non armée. Lire la chronique de Anne Paq (descendre dans la
page pour la version en français), ainsi que le blog de Linah Alsaafin.
Chère Madame Jane Birkin,
Si vous êtes une personnalité si aimée des Français, c’est qu’ils
apprécient autant vos talents de chanteuse et d'actrice, que vos
engagements dans des causes politiques et humanitaires.
Vous, qui vous êtes rendue plusieurs fois dans les territoires occupés
avec votre tournée « Arabesque » ou lors de la présentation de votre
film « 36 vues du pic saint Loup », avez pu constater que l’on ne
pouvait pas mettre sur un pied d’égalité Israël et la Palestine, qu’il
y a avait bien un oppresseur, l’Etat israélien, et un opprimé, le
peuple palestinien dont une grande partie est toujours réfugiée aux
quatre coins du monde.
Au mois de janvier vous aviez l'intention de donner deux concerts à Tel
Aviv et vous êtes actuellement en train de rechercher une salle pour
jouer à Ramallah. Cependant jouer en Israël sera interprété par tous
comme un soutien à cet Etat, ce qu'un concert en Palestine ne fera pas
oublier d’autant que cela coïncidera avec le triste 3ème
anniversaire des massacres de Gaza par Israël. (...) Lire la suite
Vous aussi, écrivez à Jane Birkin:
A Madame Jane Birkin
C/o Agence Cinéart
36 rue de Ponthieu
75008 Paris
Le gouvernement français a décidé d’équiper l’armée de nouveaux
drones.
Le choix est porté sur l’achat de drones israéliens s’accompagnant
d’une coopération Dassault Aviation — Israeli Aerospace Industries
(IAI) pour les adapter aux besoins de l’armée.
Le Sénat a rejeté ce projet tant pour des questions financières que
stratégiques, et s’est porté sur l’achat de drones états-uniens avec
adaptation par l’entreprise franco-allemande EADS dans l’attente d’une
solution européenne à venir.
Nous appelons à dénoncer ces achats
d’armes israéliennes ainsi que
toute coopération militaire avec Israël.
Nous vous appelons à signer la
pétition http://www.bdsfrance.org/petition/
Message de Jean-Claude Lefort, président du comité de soutien à Salah
Hamouri :
Je veux, tout d’abord dire à Salah, au nom de son Comité national de soutien, toute la joie qui est la nôtre aujourd’hui de le savoir libre. Lire la suite.
Salah sera en France en Avril 2012.
mercredi 11 janvier : réunion mensuelle d'Evry Palestine
samedi 31 mars après-midi : Assemblée Générale d'Evry Palestine,
retenez dès maintenant la date
Et toujours, toutes les deux semaines, vous pouvez nous retrouver le samedi de 15h30 à 17h00 place de l'Agora ; prochain rassemblement le samedi 7 janvier
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