Pendant la guerre de Gaza en 2014, Névine a perdu son époux et trois de ses enfants ont été blessés dans un bombardement de l’armée israélienne sur une école. Sept ans plus tard, cette Palestinienne espère que la CPI leur rende justice.
Lorsque la Cour pénale internationale (CPI) s’est déclarée compétente début février pour juger les faits survenus dans les territoires occupés, Névine Barakat s’est sentie "heureuse et pleine d’espoir".
"C’était comme si le monde commençait à comprendre (…)
L’Egypte ouvre sa frontière avec Gaza pour une durée indéterminée
L’Orient le jour - 9 février 2021
mardi 16 février 2021
Lassés par les "fermetures à répétition" de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte, des Palestiniens espèrent que sa réouverture pour une période "indéterminée" annoncée mardi par les Egyptiens sera cette fois-ci bien la bonne. Ce poste-frontière de Rafah est depuis plusieurs années la seule porte de sortie vers le monde extérieur - à l’exception du point de passage avec Israël - pour les deux millions d’habitants de Gaza, territoire palestinien sous contrôle des islamistes du Hamas. Ce mouvement armé est lié à la confrérie islamiste des Frères musulmans, qui étaient au pouvoir en Egypte jusqu’à leur éviction en 2013 par le président actuel Abdel Fattah al-Sissi.
Les autorités égyptiennes évoquaient notamment des raisons de sécurité pour justifier la fermeture de Rafah, auxquelles se sont greffées des craintes sanitaires ces derniers mois avec la pandémie de Covid-19. Plus de 52.740 personnes contaminées ont été recensées à Gaza, dont quelque 530 décès. En Egypte, environ 170.210 cas ont été détectés, dont près de 9.700 décès. Le poste-frontière de Rafah est resté fermé la plupart du temps depuis le début de la crise sanitaire afin de limiter la propagation du coronavirus, créant des difficultés à ceux souhaitant quitter l’enclave ou y retourner, notamment pour voir leur famille.
Or mardi, à l’heure où la classe politique palestinienne était réunie au Caire pour des pourparlers clés concernant la tenue des premières élections palestiniennes en quinze ans, les autorités égyptiennes ont annoncé sa réouverture. Elles ont "ouvert aujourd’hui (mardi) le passage de Rafah pour une durée indéterminée, pour la première fois depuis des années", a indiqué un responsable sécuritaire égyptien, sous couvert d’anonymat. "Il ne s’agit pas d’une ouverture ordinaire. D’habitude, le passage est ouvert pour trois ou quatre jours. (Cette fois) ça arrive alors que le dialogue national palestinien a lieu au Caire", a-t-il ajouté, sans épiloguer.
Vivre dans la "dignité"
Dès mardi matin, des Gazaouis ont afflué vers le terminal de Rafah, a constaté une équipe de l’AFP.
"Cela faisait six mois que j’attendais que le passage rouvre, ces fermetures à répétition m’ont fait rater mon premier semestre à l’université", a confié à l’AFP Ibrahim al-Chanti, qui s’apprêtait à franchir le passage mardi matin. "J’espère qu’il va rester ouvert de manière permanente", a ajouté l’étudiant de 19 ans.
Yasser Zanoun, un autre voyageur, a souligné l’urgence de la situation à Gaza. Selon lui, le passage devrait rester "ouvert 24 heures sur 24 toute l’année, (car) nous sommes confrontés à de graves crises sanitaires".
Sous blocus israélien depuis la prise du pouvoir à Gaza par les islamistes du Hamas - aujourd’hui en discussions avec leurs rivaux laïcs du Fatah pour tenir des élections dans les Territoires palestiniens -, la bande de Gaza dispose d’infrastructures limitées et souffre d’un chômage endémique (50%). Mais les permis de travail en Israël sont limités en temps normal, et sont suspendus depuis le début de la pandémie, et que le poste de Rafah était quasiment tout le temps fermé, les jeunes Gazaouis pouvaient difficilement quitter l’enclave ces derniers mois pour tenter de trouver du travail ailleurs. Même problème pour les malades graves, notamment des cancéreux, qui doivent souvent sortir de Gaza pour leurs traitements.
Pour Mohammed Abdo, 34 ans, qui s’apprêtait mardi à se rendre en Egypte, l’ouverture de la vanne ne doit pas être temporaire : "Nous demandons à la délégation aux pourparlers du Caire de pousser pour que la frontière reste ouverte, pour que la vie puisse être une vie, c’est-à-dire avec dignité et santé".
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