Ces articles font l’analyse des évènements en Palestine au cours de l’année 2022 et interrogent l’avenir pour les Palestiniens, pour la société israélienne et pour le Moyen Orient.
« Bilan de l’année 2022 : l’heure de vérité pour la Palestine »– 01/01/2023- Chronique de Palestine. Article de grande qualité qui analyse finement des évènements de 2022 vécus par les Palestiniens et leurs conséquences, par 3 jeunes journalistes palestiniens et étatsuniens. (…)
LE "VENDREDI DE RÉBELLION DE LA JEUNESSE"
Les organisateurs de la Grande Marche du retour se préparent à « déraciner » la clôture aujourd’hui, 27 avril 2018.
vendredi 27 avril 2018
Devant l’horreur des tirs israéliens sur les manifestants désarmés de Gaza, faisant 41 personnes tuées et 5 511 blessés depuis le 30 mars, le collectif de la
jeunesse gazaouie et les organisations engagées ont décidé hier de franchir un cap dans leur lutte pacifique. Un vendredi de tous les dangers qui laisse présager l’aggravation de la répression commise par les snipers de l’armée israélienne considérée par Netanyahu comme étant "la plus éthique du monde".
"Le collectif des jeunes et des organisations, qui participent à l’organisation de la Grande Marche de Gaza, a déclaré le 27 avril "Vendredi de Rébellion de la Jeunesse", dédié aux 40 manifestants qui ont été abattus lors des manifestations - dont plus de la moitié (27) avaient 30 ans ou moins. La dernière victime est le journaliste Ahmed Abu Hussein, 25 ans, qui a succombé à ses blessures dans un hôpital de Jérusalem mercredi après-midi.
Alors que la "marche" se dirige vers son quatrième vendredi, les organisateurs se préparent à l’escalade de la violence israélienne, en dépit de leur propre engagement à manifester pacifiquement. Le point culminant aura lieu le 15 mai - le lendemain de l’ouverture officielle de l’Ambassade des États-Unis à Jérusalem (actuellement en activité à Tel-Aviv), premier jour de la fête musulmane du Ramadan et du 70e anniversaire de la Nakba, alors que plus de 700 000 Palestiniens ont fui ou ont été forcés de quitter leur foyer pour faire place à la création d’Israël.
Selon Khaled al-Batsh, organisateur de la marche du camp d’al-Awda dans le camp de réfugiés de Jabalia, où vivait Hussein, les manifestants seront invités ce jour-là à se avancer vers la barrière frontalière et à l’arracher. Et tout en sachant que la réponse sera probablement "plus sanglante" de la part des soldats israéliens, il insiste également sur le fait que lui et les autres organisateurs continueront à exiger que les manifestants restent pacifiques.
"Nous nous livrerons à des actions pacifiques qui revendiquent notre droit au retour sur nos terres, contrairement à ce qu’affirme les israéliens, qui nous qualifient comme violents", a déclaré M. al-Batsh, ajoutant que des ateliers de formation auront lieu dans les tentes le long de la frontière, pour informer les manifestants sur l’importance et la stratégie de la résistance non-violente.
Parmi les actions prévues le « Vendredi de Rébellion de la Jeunesse » : l’envol de centaines de ballons portant des photos des manifestants tués à ce jour.
Les responsables israéliens affirment que les manifestations sont menées et contrôlées par le Hamas, et croient ainsi pouvoir arrêter la marche en intensifiant une campagne pour bombarder les bureaux du gouvernement du Hamas, les postes de police et d’autres installations. Cependant, alors que les représentants du Hamas sont effectivement impliqués dans le comité d’organisation, al-Batsh et d’autres membres insistent sur le fait qu’ils ne contrôlent pas les activités.
"En continuant tout au long de ces semaines (depuis le lancement des manifestations le 30 mars), nous avons montré au monde que nous protesterons jusqu’à obtenir notre liberté et notre dignité", a déclaré Ahmed Abu Erteima, membre du comité de coordination du Grand Comité de retour.
Les organisateurs demandent aux Nations unies et à son Conseil des droits de l’homme de lancer une enquête sur les 40 meurtres commis à ce jour, ainsi que sur les 5 511 blessés. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, 3 369 blessés sont traités dans les hôpitaux ; le reste a reçu les premiers soins sur le terrain. La plupart des personnes nécessitant une hospitalisation ont été touchées par des balles réelles.
Outre les journalistes, le personnel médical portant des vêtements clairement identifiables a été pris pour cible. Le Centre Al-Mezan pour les droits de l’homme rapporte que 79 infirmiers ont été blessés à ce jour, dont cinq par un tir à balle réelle. Vingt ambulances ont également été endommagées. Le centre a confirmé que les opérations de ciblage ont été effectuées en plein jour, sans rien qui aurait pu obscurcir la vision des tireurs d’élite, justifiant ainsi les tirs.
Abed Alrazaq Ibrahim, infirmier de 35 ans, est l’un de ceux qui ont été directement visés. "A 14h30 le vendredi 6 avril, alors que je transférais les blessés à l’est de Rafah, mes collègues et moi assistions un certain nombre de personnes qui avaient inhalé du gaz. Après être entré dans l’ambulance, j’ai ressenti une douleur intense dans la jambe droite et j’ai mis ma main là où la douleur se manifestait, derrière mon genou droit. J’ai senti du sang et j’ai réalisé que je saignais abondamment, alors j’ai appuyé ma main sur la plaie et j’ai dit à mon collègue Musa que j’étais blessé. "
La quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre (1949) assure une protection spéciale pour l’évacuation et le transport des blessés du terrain des affrontements et des personnes chargées de fournir des soins physiques et moraux.
"Les forces d’occupation doivent être tenues pour responsables", ont déclaré les organisateurs dans un communiqué collectif. Et ils ont le soutien des manifestants de la base. Khalid Hamodona, un manifestant de 40 ans qui se trouve dans l’un des camps avec sa femme et ses quatre enfants, a déclaré : « Nous appelons la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête sur les crimes de l’occupation et nous demandons à la communauté internationale de nous assurer une protection internationale lorsque nous affirmons nos droits. "
Traduction française : Evry Palestine – 27 avril 2018
Voir en ligne : We Are Not Numbers - Article en anglais